En 2013, il y eut Saint-Ouen, dans les ex-usines Wonder, vestiges de la civilisation industrielle célèbres pour ses luttes sociales. En 2017, Bagnolet, le long des boulevards périphériques, dans une tour de bureaux entourée d’un parking et d’une halle de ferrailleurs. En 2019, Nanterre, entre les tours des multinationales de La Défense et celles du quartier Pablo Picasso. En 2020, Clichy, dans une ancienne imprimerie de 3000m2 récemment quittée par l’entreprise.
Le collectif d’artistes Le Wonder a investi tour à tour des bâtiments abandonnés et les a transformés en lieux de vie, de travail, de représentation et d’échanges. À chaque fois, les artistes s’installent dans un paysage urbain typique de l’érosion de la ville du XXème siècle avec ses friches post-industrielles et son aménagement pensé pour l’automobile. Il y a là beaucoup de matières premières pour des artistes: de l’espace, des matériaux au rebut dans un environnement qui est celui du Système D et de la récupération. Plasticien·ne·s, musicien·ne·s, poètes, graphiste, performeurs, cuisinier, cinéaste, tatoueurs, curateur·trice·s(…) ont créé leur écosystème indépendant de production et réflexion en favorisant la porosité entre les pratiques. Comme un aimant, le lieu accueille des artistes du monde entier qui peuvent ainsi vivre et créer à Paris quelques temps.
Au printemps 2018, je proposais au collectif d’initier ensemble un travail d’archives photographiques de leur histoire. La force fédératrice, la beauté, la générosité de ce qu’elles et ils produisaient mais aussi la fragilité de la situation furent pour moi des déclencheurs puissants. J’ai voulu garder une trace pour elles et eux, pour moi, pour toutes et tous parce qu’il me semblait que ce qui se construisait là entrait en résonance avec notre époque et aurait sa place dans une histoire tant artistique que politique plus large. Il y avait aussi la nécessité de garder des souvenirs de ce paysage d’outre-périphérique qui ne serait jamais plus comme avant. Ce reportage s’inscrit ainsi dans mon activité de photographe documentant le travail des artistes mais aussi dans une recherche personnelle autour de la question de la ville comme Milieu naturel pour ceux qui y vivent.
Des années plus tard, les amitiés, le temps, les constructions communes faisant leur oeuvre, ma position d’observateur s’est muée en celle de compagnon de route, membre à part entière d’une histoire commune.
Expositions
2021 Bat’Asap, Le Wonder Fortin, Clichy-la-Garenne
Installation et performance d’édition 4509 co-réalisée avec Cédric Pierre. Archive photographique contenant 4509 photographies du Wonder sur 251 planches contacts.
2022 Périphéries Plurales(S), Facolta di Architettura, Rome, Italie
Installation photographique d’archives du collectif Le Wonder
Commissariat: Collettivostiense234
Presse
Libération, Beaux-Arts magazine, la Revue 02, Télérama, Le Parisien, Connaissance des Arts, Le Quotidien de l’Art, Manifesto XXI.